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Pourquoi j’ai fait une pause des réseaux sociaux – Infolettre du mois de février 2025.

Lordesfeuilles

2/16/2025

Apple MacBook beside computer mouse on table
Apple MacBook beside computer mouse on table

Bonjour toi,

Tu te demandes peut-être comment ce courriel a atterri dans ta boîte de réception. Souviens-toi, il y a fort longtemps, tu t’étais inscrit·e à ma lettre d’information… Lordesfeuilles, ça te dit quelque chose ? Tu me remets, ça y est ? Bon. Si, depuis le temps, tu as décidé de donner un nouveau sens à ta vie et d’éliminer totalement les newsletters de ton existence, n’oublie pas que tu peux te désabonner à tout moment. Et si tu es une nouvelle tête, bienvenue !

Je m’excuserais bien d’être restée si longtemps sans donner de nouvelles, mais je pense que la seule personne qui a remarqué mon manque d’assiduité… c’est moi-même. L’offre culturelle est si foisonnante, il y a tant d’artistes à suivre que la disparition de l’un·e d’entre elleux peut passer complètement inaperçue. C’est ce qui rend la déconnexion si difficile, même (surtout) quand elle serait nécessaire.

J’en viens au sujet de la présente infolettre (oui, il y aura des thématiques à partir de maintenant, disons que c’est l’une de mes bonnes résolutions) : en décembre dernier, j’ai fait une pause des réseaux sociaux – d’Instagram, en fait, qui est la seule plateforme sur laquelle je suis très active. Cela faisait un moment que je voyais d’autres autrices sauter le pas sans jamais oser me lancer moi-même, alors que toutes en parlaient comme d’une expérience positive à leur retour. J’avais un peu la trouille, pour être honnête.

En effet, mon activité sur Instagram est tellement interconnectée avec mon identité d’autrice que supprimer la première me faisait craindre de perdre la deuxième.

Mon pseudo Instagram est aussi mon nom de plume. C’est avec la création de mon compte que j’ai révélé au monde entier (rien que ça) que j’écrivais. C’est par ce biais que j’ai attiré mes premier·e·s lecteurices pour La Deuxième Quête, qui était alors publié sur Wattpad. Grâce à Instagram, j’ai fait la connaissance de plein d’autres auteurices qui vivaient les mêmes expériences que moi, et j’y ai trouvé une maison d’édition désireuse de publier ma trilogie. J’y ai mené (et j’y mène encore) une grande partie de ma communication autour de mes romans, puisqu’on ne les trouve pas sur les étagères des librairies (bien que tu puisses les commander absolument partout, je le rappelle).

Sans cette plateforme, je n’en serais pas là où j’en suis aujourd’hui, c’est une certitude. Mais Instagram est loin de représenter le paradis des auteurices : déjà, son évolution ne va pas dans la bonne direction (suppression des services de vérification des informations, par exemple), et je crains que cela ne soit que le début.

De toute façon, Instagram n’a même pas besoin de prendre un virage politique inquiétant pour avoir des effets toxiques. Par nature, l’application nous pousse à rester dessus le plus longtemps possible, à consommer des contenus créés pour nous faire réagir et pas réfléchir, à nous concentrer sur le nombre de likes, à nous comparer. J’enfonce des portes ouvertes avec ce discours, d’autres l’ont déjà dit de façon bien plus détaillée et argumentée que moi, mais je ne voudrais pas que tu penses que ce que je dois à Instagram me rend aveugle à ses mauvais côtés.

La comparaison, en particulier, est un travers dans lequel on peut vite tomber en tant qu’artiste. Se retirer d’Instagram permet de ne pas avoir sans cesse sous les yeux les réussites des autres, et donc de remettre les choses en perspective. Pourquoi serais-je un peu jalouse d’une autrice qui vient de signer un polar bien dark alors que 1) je n’ai aucun manuscrit en soumission ; et 2) je n’écris même pas dans ce genre et je n’en ai aucune envie ?

Loin des réseaux, il est plus facile de se concentrer sur notre propre cap et sur les rêves qui n’appartiennent qu’à nous. Et maintenant, j’en suis sûre : la direction que je vais suivre pour mon prochain projet sera celle de la romantasy (petite exclu, tu l’auras lu ici en premier !).

Je suis donc ravie d’avoir pris cette pause d’une dizaine de jours, qui coïncidait avec mes vacances de Noël. J’ai pu déconnecter à la fois du travail qui paie mes factures et de celui qui… paie aussi mes factures, mais en bien moindre proportion, tout en occupant beaucoup plus de place dans ma tête et dans mes rêves ! Je compte renouveler l’expérience l’été prochain, plus longtemps cette fois.

Cette pause ne m’a pas donné envie de quitter définitivement les réseaux sociaux, qui constituent toujours mon lien principal avec mon lectorat et la vitrine la plus efficace pour mettre en valeur mon travail. Peut-être qu’il en ira autrement un jour, qui sait ?

Comme beaucoup d’auteurices, j’essaie de diversifier ma présence en ligne pour ne pas dépendre d’un seul acteur : j’ai créé mon site d’autrice et relancé la lettre d’information que tu es en train de lire. En plus de mes comptes Instagram, Threads et TikTok, ce sont de petits cailloux que je dépose dans l’immense forêt d’Internet en espérant qu’ils mèneront des gens jusqu’à mes livres.

En fin de compte, ce que je retiens vraiment de cette prise de recul, c’est que j’ai le droit de faire évoluer mon rapport aux réseaux sociaux dès que cela devient nécessaire. Quand j’ai lancé mon compte, je postais trois fois par semaine sans jamais rater un jour parce que je voulais prendre ma place sur la plateforme. Au fil de la croissance du compte, je me suis autorisée à ne pas publier de temps à autre, puis je suis passée à deux publications par semaine, en rattrapant toujours systématiquement (oserai-je dire religieusement ?) celles des personnes que je suivais. Cette fois, j’ai déserté pour de vrai… et il ne s’est rien passé. Mon nombre d’abonné·e·s a même augmenté (pour re-diminuer ensuite, selon la logique mystérieuse d’Instagram) !

J’espère que le récit de ma déconnexion hivernale t’aura intéressé·e, même si tu n’es pas toi-même auteurice ou détenteurice d’un compte Instagram. La question de l’autopromotion et de la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux se pose pour les artistes, bien sûr, à qui il est demandé d’endosser un rôle de publicitaire et de community manager en plus de la création, mais aussi pour beaucoup d’autres professions. Je l’aborderai sans doute dans une prochaine infolettre, car elle me passionne.

Je te souhaite une matinée ensoleillée, un après-midi chantant ou une douce soirée, selon le moment où tu me lis, et je te dis à dans un mois ! Enfin, peut-être.

Lordesfeuilles

Image par Luca Bravo sur Unsplash