D’encre et de coulisses
Comment j’ai écrit mon quatrième roman en sept mois - Infolettre du mois d’octobre 2025.
Lordesfeuilles
10/7/20256 min read
Salut toi,
Comment vas-tu ? Comment s’est passée ta rentrée ? Que tu sois du genre à pleurer le départ du soleil ou à danser avec félicité au milieu des feuilles mortes, c’est une période qui peut être éprouvante par son effervescence. J’espère que tu as pu trouver de l’apaisement avec de jolies lectures, des activités qui te plaisent, voire en compagnie d’autres êtres humains (chacun·e ses goûts).
De mon côté, j’ai été plutôt efficace en septembre, car j’ai terminé mon quatrième roman (youpi !) et je l’ai envoyé en bêta-lecture. Le manuscrit se trouve désormais dans cinq ordinateurs en plus du mien (sans compter mon disque dur externe : j’en profite pour te rappeler de sauvegarder tes travaux), prêt à être disséqué par les adorables personnes qui ont accepté d’y consacrer du temps. Elles font ce travail de façon bénévole, donc mille mercis à elles si elles passent par là.
Dans la lettre de ce mois-ci, je vais revenir sur le processus d’écriture du roman en question. Roman qui n’a pas encore de titre, d’ailleurs : je lui en avais trouvé un super – en toute modestie – mais une recherche sur Internet m’a appris que c’était déjà le titre d’un film (passe encore) ainsi que d’un roman qui semble être une romance fantastique. C’est le jeu, ma pauvre Lucette ! Et ça m’apprendra à faire des recherches avant de m’emballer complètement pour un titre. Pour les besoins de cette lettre, le projet portera donc le nom de code Romantasy, voire Les aventures d’Isilde au pays où il fait tout noir si je me sens d’humeur fantasque.
Revenons quelques mois en arrière, aux dernières vacances de Noël, lors desquelles je suis partie en vacances à la campagne avec un carnet, un stylo, et une liseuse remplie de titres de romantasy. (Oui, ça va être une longue infolettre… Prends-toi donc une petite boisson !) Puisque je savais que mon prochain projet en serait une, j’avais envie de m’immerger dans ce sous-genre et de me familiariser avec ses codes. Certaines de mes lectures m’ont beaucoup plu, d’autres moins ; j’ai eu envie de reprendre quelques motifs narratifs, d’autres pas du tout.
Le trope mariage arrangé, c’est oui. Le héros qui pourrait arrêter un train avec ses abdos, c’est non. Le smut, c’est oui. L’atmosphère très sexuelle où les personnages passent leur temps à faire des allusions, c’est non. L’héroïne un peu à part, c’est oui. La rivalité féminine, c’est non. (Il ne s’agit bien sûr que de mes goûts, je ne prétends pas être une prêtresse de la romantasy.)
Après m’être abondamment nourrie de romantasy, je suis passée à une étape qui avait été absente du processus créatif pour mon premier roman, celle de la planification. Pour moi, planifier un roman signifie rédiger un document détaillant toutes les péripéties (entre quatre et cinq pages Word, pour ce projet précis) et recensant les aspects importants de l’univers. Pas plus (je ne fais pas de chapitrage, par exemple), pas moins (car maintenant, j’aime savoir où je vais).
C’est grâce à la planification que j’ai pu avancer aussi vite sur mon premier jet (environ 74 000 mots rédigés entre janvier et juillet 2025). Même si je me suis laissé la liberté de ne pas suivre mon plan, connaître les grandes étapes de l’histoire m’a permis de ne pas me disperser avec des personnages et des sous-intrigues inutiles, et de garder le cap. Le fait de savoir où je devais emmener mes personnages me motivait aussi davantage à m’assoir devant mon ordinateur que la perspective de devoir tirer un rebondissement de mon chapeau.
En ce qui concerne mon rythme d’écriture, j’essayais de caler une séance d’écriture à 500 mots – voire deux, si je ne travaillais pas et que j’étais en forme – par jour. Je me suis souvent qualifiée d’autrice lente, car mon nombre de mots écrits par minute est bien plus faible que celui d’autres auteurices de ma connaissance (je suis contente si j’écris 500 mots en une heure et demie). Mais même à ce rythme, une session d’écriture par jour permet d’avancer plutôt efficacement, ou en tout cas à une vitesse qui me convient. L’important est de trouver une méthode adaptée pour nous !
Le travail de relecture/réécriture sur ma romantasy s’est déroulé de la façon suivante :
1. réécriture chapitre par chapitre immédiatement après en avoir achevé un, pour peaufiner la forme et modifier les éléments que je savais déjà vouloir changer. C’est la première fois que je testais cette façon de faire, et je suis assez convaincue ;
2. une fois le premier jet terminé, relecture en laissant des commentaires sur les modifications à faire ;
3. réécriture pour intégrer ces modifications (et continuer de corriger la forme) ;
4. relecture simple avant l’envoi en bêta-lecture.
Entre la fin du premier jet et le moment où j’ai envoyé le texte en bêta-lecture, il était passé de 74 000 à 78 500 mots à peu près. Pour moi, toutes les étapes de relecture et réécriture servent souvent à rendre le texte plus dodu !
Lorsque tous les retours de mes bêta-lectrices seront arrivés, je ferai probablement une autre réécriture pour tenir compte des points qu’elles m’auront signalé, et une dernière relecture simple avant l’envoi en maisons d’édition. Si tu en doutais, cela montre bien que l’aventure de l’écriture d’un manuscrit est loin d’être finie avec l’achèvement du premier jet.
J’ai demandé à mes bêta-lectrices de me renvoyer le texte fin novembre au plus tard, si elles le peuvent. Ce temps passé loin de mon texte me permettra – j’espère – de prendre un recul salutaire dessus et d’aborder leurs commentaires de façon aussi objective que possible (c’est-à-dire très peu, mais plus que si je venais de terminer la rédaction). En attendant, je travaille sur le synopsis du roman et le dossier d’envoi en maison d’édition.
Je me rends compte que j’allais conclure cette lettre sans même te dire de quoi parle ma romantasy… Une reine de la promo, ça fait peur !
Voici donc en exclusivité mondiale un petit résumé type quatrième de couverture :
Isilde a toujours vécu dans l’ombre de sa sœur, la princesse Isabel, et cela lui convient. De quel autre destin pourrait rêver la fille illégitime du roi de Midi ?
Pourtant, lorsque la nuit envahit leur royaume où le soleil ne se couche jamais, et que les deux sœurs reçoivent une étrange proposition de mariage provenant du royaume de Minuit, leur ancien ennemi, c’est Isilde qui se porte volontaire pour épouser son prince à la place d’Isabel.
La jeune femme aura vingt-neuf jours, le temps de sa lune de miel, pour découvrir ce que cache le royaume des ténèbres. Quels secrets dissimulent les sourires des membres de la cour ? Le nouvel époux d’Isilde, moins distant qu’il n’en a l’air, pourrait-il devenir un allié inattendu ? Dans l’obscurité, difficile de savoir à qui se fier…
Le roman parle du sentiment d’illégitimité et de la façon de le combattre, des limites qu’on apprend à poser, à nous-même et aux autres, et du pouvoir de la connaissance. Isilde et Eridan ont été les personnages parfaits pour m’aider à tourner la page de ma trilogie, et j’espère qu’un joli destin les attend quelque part. Je te tiendrai informé·e, bien sûr, de toute évolution sur ce front-là !
Voilà, nous allons pouvoir commencer à nous dire au revoir. Je ne sais pas vraiment quand je t’écrirai de nouveau : j’ai conscience que la motivation me manque pour envoyer une lettre mensuelle, et cela me paraît plus pertinent de t’écrire quand j’ai vraiment une actualité à partager, ou envie d’aborder un sujet en particulier. Peut-être pourrais-je faire un bilan du processus de bêta-lecture quand il sera terminé ? N’hésite pas à me dire si c’est quelque chose que tu aurais envie de lire !
Je te souhaite un automne enchanté, douillet et vivifiant,
Lordesfeuilles
Image par Thought Catalog sur Unsplash